Hygiène intime: un nettoyage délicat
Quelles sont les mesures d’hygiène recommandées, et celles qu’il faut vraiment éviter? Quelles sont les conséquences d’un mauvais nettoyage, et quel rôle joue l’anatomie de la femme et de l’homme? Voici un aperçu de la question.
Si l’hygiène intime se résumait autrefois à un bain hebdomadaire, se doucher quotidiennement est désormais monnaie courante sous nos latitudes et l’offre de produits correspondants est presque inextricable: des lotions, des gels et des lingettes de nettoyage aux déodorants en passant par les douches spéciales pour le «nettoyage vaginal», l’éventail est large. Comme souvent, il s’agit ici de trouver le bon équilibre.
Femmes: un nettoyage externe suffit
Chez la femme, le nettoyage du vagin, qui constitue la partie interne des organes génitaux féminins, n’est en aucun cas nécessaire. Il s’agit en effet d’une muqueuse comme celle de la bouche, qui ne se lave pas non plus avec du gel douche. Au contraire, nettoyer le vagin peut perturber l’équilibre délicat de la microflore naturelle (= flore vaginale), et qui protège normalement les femmes des infections. Un déséquilibre de la flore vaginale signifie donc que les agents pathogènes tels que les champignons et/ou les bactéries ont plus de facilité à se développer et peuvent entraîner des infections génitales gênantes. La conclusion est donc la suivante: laisser la zone génitale interne tranquille lors de la toilette.
Afin d’éliminer les impuretés de la zone intime externe (= la vulve avec les lèvres et le clitoris ainsi que le vestibule vaginal), on recommande souvent un rinçage quotidien à l’eau claire et de changer de sous-vêtements chaque jour. Si cela ne suffit pas à se sentir vraiment «propre», il est possible de recourir à des lotions lavantes intimes dont le pH physiologique se situe entre 3,5 et 4,5. Ces produits nettoient en douceur et ne nuisent pas à l’équilibre des «bonnes» bactéries. Les gels douche ou les savons normaux, sont en revanche, à éviter, car ils peuvent attaquer la couche protectrice acide de l’appareil génital féminin; les sprays ou déodorants intimes ne sont pas non plus recommandés en raison des irritations cutanées qu’ils peuvent provoquer.
Hommes: le nettoyage réduit le risque de cancer du pénis
Chez les hommes, la zone la plus importante à nettoyer est la zone sous le prépuce du pénis. Pour la toilette intime, le prépuce doit être complètement rétracté afin d’éliminer toutes les impuretés et les dépôts sous le prépuce. Ici aussi, l’eau courante, tiède, suffit amplement, mais on peut aussi utiliser des lotions nettoyantes douces. Le gel douche est à éviter à cet endroit (mais ne pose pas de problème pour le nettoyage des testicules).
Attention: en cas de rétrécissement du prépuce, un nettoyage adéquat n’est généralement plus possible. Le «smegma», constitué principalement du sébum des glandes préputiales mais aussi de cellules mortes et de bactéries, peut alors s’accumuler, ce qui peut entraîner des plaies suintantes d’une part et augmenter le risque de cancer du pénis d’autre part. En cas de rétrécissement du prépuce, il est donc souvent recommandé de procéder à une circoncision (= ablation totale ou partielle du prépuce); mais il faut au moins prendre rendez-vous avec un urologue pour obtenir des conseils à ce sujet.
Hygiène anale: pas besoin de lingettes humides
Pour les femmes et les hommes, le nettoyage de la région anale se limite également à la région externe, et peut être effectué avec les mains ou avec un gant de toilette (pas trop rugueux) sous l’eau courante. Après le nettoyage, toute la région génitale et anale doit être séchée (les agents pathogènes se multiplient surtout dans les zones humides).
Encore quelques conseils d’hygiène après être allé aux toilettes: tamponner délicatement la zone intime (pas de frottement fort), et ce, d’avant en arrière. C’est particulièrement important pour les femmes, car sinon les bactéries intestinales peuvent se retrouver proche de l’urètre, qui chez les femmes se situe entre l’entrée du vagin et le clitoris et qui est en outre beaucoup plus court que chez les hommes. Cela signifie que les impuretés peuvent plus facilement remonter dans la vessie par l’urètre et y provoquer des infections.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser des lingettes spéciales pour se nettoyer après le passage aux toilettes, les experts les rejettent: les conservateurs, les parfums et l’alcool qu’elles contiennent peuvent irriter la peau, voire provoquer des allergies (les lingettes sont donc tout au plus une solution de secours en camping). La méthode idéale après la selle est de se laver dans un bidet. Mais cela n’est souvent pas possible pour des raisons pratiques, la solution suivante consiste à humidifier légèrement le papier toilette avec un peu d’eau et de tamponner doucement la région anale externe.
Ici, en occident, nous sommes un peu en retard par rapport à d’autres cultures: dans le monde arabe ou en Asie du Sud-Est, il est tout à fait courant de trouver à côté des toilettes un robinet avec un tuyau, qui permet de se rincer l’anus après être allé à la selle. Cependant, il faudra probablement attendre encore un peu avant qu’une telle «douche anale» ne soit adoptée chez nous.
Bon à savoir sur la région génitale
- Certains écoulements (clairs à laiteux) sont tout à fait normaux chez la femme.
- Un avis médical doit être demandé si les pertes sont plus abondantes que la normale, si elles sont de couleur blanche ou jaunâtre, si elles sentent mauvais, si elles provoquent des brûlures/démangeaisons ou si le vagin est désagréablement sec au toucher.
- Après les rapports sexuels, aller aux toilettes réduit le risque d’infection urinaire chez les femmes.
- En cas de gêne (inconfort), les strings sont à éviter, ils peuvent irriter davantage la région anale et génitale.
- Les gants de toilette et les serviettes utilisés pour la région intime doivent être changés fréquemment et régulièrement.
Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.