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Névrodermite: tout est une question de soins

En Suisse, jusqu’à un cinquième des enfants sont touchés par cette maladie de peau. Il existe désormais des traitements efficaces; le plus important est de prodiguer régulièrement des soins de bases à la peau.

En Suisse, on n’estime qu’environ 15 à 20 % des enfants souffrent de névrodermite accompagnée des classiques rougeurs cutanées qui démangent. Comme les symptômes s’atténuent souvent avec le temps, voire disparaissent complètement, la névrodermite (appelée aussi dermite atopique, neurodermite, eczéma atopique) est proportionnellement plus rare chez les adultes, avec environ cinq pour cent de cas.

Moins de saleté, plus de produits de nettoyage

Les raisons pour lesquelles la névrodermite est aujourd’hui plus fréquente dans le monde qu’autrefois ne sont pas encore complètement élucidées. Une hypothèse se réfère à l’hygiène de l’environnement: avant, les enfants se roulaient plus souvent et plus librement dans la boue et la saleté, aujourd’hui ils jouent plutôt dans des appartements propres dans lesquels les produits de nettoyage les plus divers sont généreusement utilisés pour éradiquer les «germes» qualifiés de menaçants. Cette théorie repose aussi sur des observations selon lesquelles les enfants qui grandissent dans une ferme présentent un risque moindre de développer une névrodermite. Mais, il se peut aussi que, de nos jours, les professionnels de la santé accordent plus d’attention à cette maladie et que le diagnostic soit donc posé plus souvent. Ce qui peut jouer un rôle.

De nombreux facteurs sont impliqués dans l’apparition et le développement de cette maladie complexe. Une certaine prédisposition génétiquement héréditaire: par exemple, le risque de névrodermite est nettement plus élevé si les deux parents souffrent de cette affection, d’asthme ou d’allergies alimentaires. En outre, l’hygiène excessive évoquée plus haut et le manque d’une protéine spécifique dans la peau jouent également un rôle. Cette protéine s’appelle filaggrine et régule, entre autres, la composition des lipides de la peau – en cas de manque de filaggrine, la peau se dessèche donc.

Déclencheurs: cheveux, chaleur, flore cutanée

Les véritables déclencheurs, les «triggers», d’une poussée de la maladie sont également très variés: certaines protéines présentent dans l’environnement en font partie – pollen, poils d’animaux, acariens – mais aussi certaines matières textiles (synthétiques, laine), le climat ambiant (trop sec, trop chaud) ou un stress psychologique. Des infections comme un rhume sévère peuvent déclencher une névrodermite, tout comme les produits irritants (savons…) mais aussi des douches trop fréquentes. De plus, ce que l’on appelle la flore cutanée est modifiée en cas de dermite atopique: la composition des microbes sur la peau est différente, la diversité est moindre; certaines bactéries peuvent ainsi s’imposer et déclencher une poussée de maladie.

Les aliments sont également un domaine important: certes, les véritables allergies alimentaires n’apparaissent que chez environ un tiers des enfants concernés et chez seulement cinq pour cent des adultes. Les médecins conseillent donc souvent de ne pas introduire immédiatement des régimes «superflus», mais de ne supprimer que les aliments qui, selon les tests sanguins ou cutanés, déclenchent clairement une allergie. Pourtant, on sait que certains aliments ne sont tout simplement pas bénéfiques en cas de névrodermite.

Il s’agit notamment de l’acide citrique contenu dans le jus de citron ou d’orange et des aliments riches en histamine, qui provoquent des démangeaisons cutanées, comme le vin rouge, les fromages bien affinés, les produits finis ou les conserves. En ce qui concerne les aliments, il peut être utile de tenir un journal afin de mieux identifier les déclencheurs individuels.

Soin de la peau et thérapie médicamenteuse

Les principaux piliers du traitement sont, en plus d’éviter les déclencheurs potentiels, des soins réguliers de la peau (même en l’absence de symptômes) et, si nécessaire, un traitement médicamenteux. Lors du choix du traitement, les médecins adoptent une approche très individuelle; ils tiennent compte entre autres de l’âge, de l’état cutané actuel ou encore de la souffrance personnelle ainsi que les conséquences possibles, comme l’agitation ou les troubles du sommeil.

Le traitement se déroule par étapes: tout d’abord, une information complète sur la maladie est donnée. Les soins de la peau sont ensuite mis en œuvre, avec des produits de protection cutanée qui doivent être adaptées à la saison: des produits plutôt gras en hiver, lorsque l’air est froid et sec, et des produits plus hydratants en été lorsque l’air est chaud ou humide.

Les étapes deux et trois décrivent respectivement un eczéma «léger» et «modéré» qui sont traités avec des corticostéroïdes ou des antiseptiques, ou encore avec des stéroïdes plus puissants ou des médicaments spécifiques. Un traitement aux rayons UV est également possible. En cas d’eczéma grave et persistant, on passe à l’étape 4, qui prévoit également une hospitalisation et des médicaments puissants agissant sur le système immunitaire. Cela inclut des médicaments biologiques, en bref des produits biologiques qui sont administrés par injection toutes les deux semaines, ou, ce que l’on appelle, des inhibiteurs de la «Janus-kinase (JAKi)», qui doivent être pris quotidiennement sous forme de comprimés. Ces substances actives peuvent également conduire au succès même dans des cas très tenaces.

Sources:
https://www.dha-neurodermitis.de/therapie.html
https://www.aha.ch/allergiezentrum-schweiz/haut/neurodermitis-atopisches-ekzem
https://www.usz.ch/krankheit/neurodermitis/

Conseils et astuces pour le quotidien

  • Utiliser des produits de soins doux: Plus un produit mousse, plus il assèche la peau.
  • Ne pas frotter la peau après la douche, mais la tamponner.
  • Des ongles courts aident à ne pas se gratter jusqu’au sang surtout la nuit.
  • Aérer suffisamment.
  • Préférer le vinaigre à l’assouplissant.
  • Éviter les vêtements trop serrés ou trop chauds – il est plus doux de s’habiller en «couches d’oignon», c’est-à-dire en superposant plusieurs couches qui peuvent être enlevées si nécessaire.

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Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.