Pollen et changement climatique

Ce que le changement climatique signifie pour les personnes souffrant d’allergies

Autor: CENTRE SUISSE POUR L’ALLERGIE, L’ASTHME ET L’IMMUNOLOGIE (AHA!)

Le rhume des foins affecte des millions de personnes dans le monde, et peut considérablement réduire leur qualité de vie, avec des symptômes allant du nez qui coule à de graves problèmes respiratoires. Le changement climatique soulève désormais de nouvelles questions: quel est son impact sur les allergies au pollen? Et à quels changements faut-il s’attendre? Roxane Guillod du Centre Suisse pour l’Allergie, l’Asthme et l’Immunologie (aha!) fait le point.

Au niveau du ressenti, le printemps semble parfois commencer en hiver: ces dernières années, nous avons connu des températures douces et printanières à Noël et début janvier. Les scientifiques sont unanimes: le changement climatique nous apporte des hivers plus doux, et cette évolution a un impact direct sur le monde végétal. Ces conditions météorologiques stimulent la floraison, entraînant une production de pollen plus précoce. Ces dernières années, le début de la saison pollinique a donc été avancée de plusieurs semaines. «En raison du changement climatique, la saison des pollens de noisetier et d’aulne commence deux à trois semaines plus tôt qu’il y a trente ans», explique Roxane Guillod, co-directrice des services spécialisés chez aha!.

«Nous devons partir du principe que les saisons polliniques dans les années à venir seront plus intenses.»

Plus de pollen, une exposition prolongée

Les premières fleurs ne sont que le début. Plus tard dans l’année, les bouleaux, les graminées et d’autres plantes en floraison compliquent également la vie des personnes souffrant de rhume des foins. En mai, les graminées sont en fleurs une dizaine de jours plus tôt, et certaines plantes prolongent leur floraison jusqu’à l’automne. Pour les personnes allergiques au pollen, cela signifie une période de répit sans pollen plus courte et une exposition qui dure plus longtemps chaque année. «Auparavant, les personnes allergiques pouvaient profiter de l’hiver pour se remettre de leurs troubles, mais aujourd’hui, nous avons parfois les premières concentrations de pollens dès Noël», souligne Roxane Guillod. Cela affecte non seulement la qualité de vie, mais peut aussi avoir des conséquences à long terme sur la santé. Pour les personnes déjà aux prises avec des réactions allergiques sévères, cela peut devenir un problème de santé sérieux. Roxane Guillod précise: «Les allergies aux pollens ne sont pas que des éternuements gênants. À long terme, les hypersensibilités non traitées peuvent entraîner de l’asthme. Il est donc important que ceux qui sont concernés prennent leurs symptômes au sérieux et agissent rapidement.»

A quoi peuvent s’attendre les personnes allergiques dans les années à venir

La question de savoir si la saison pollinique sera encore plus longue à l’avenir préoccupe les scientifiques. Les études menées jusqu’à présent montrent que la tendance aux hivers plus doux et aux périodes de floraison avancées pourrait se poursuivre. D’autres facteurs entrent également en jeu: en raison du changement climatique, la végétation en Suisse évolue elle aussi. Ainsi, le bouleau pourrait à l’avenir s’étendre vers des altitudes plus élevées, entraînant ainsi une augmentation du pollen en montagne. De plus, de nouvelles plantes allergènes en provenance du bassin méditerranéen pourraient s’implanter chez nous, comme l’olivier, le cyprès ou la pariétaire (plante herbacée vivace souvent accrochée sur des parois rocheuses ou de vieux murs). La chaleur et les polluants atmosphériques ont également un impact: ils peuvent rendre les pollens plus agressifs et irriter davantage les voies respiratoires. Roxane Guillod: «Il faut partir du principe que les saisons polliniques vont s’intensifier dans les années à venir. Cela représente un défi de taille aussi bien pour les personnes allergiques que pour le système de santé.»

aha! Centre Suisse pour l’Allergie vous aide

Avec l’application «Pollen-News», vous savez à tout moment, où et en quelle quantité, les pollens circulent et quelles plantes sont en floraison.

Prévention et traitement: que peuvent faire les personnes allergiques?

Néanmoins, l’impact exact du changement climatique sur les allergies au pollen reste un sujet complexe et vaste. Toutes les plantes ne réagissent pas de la même manière aux conditions climatiques modifiées, et les différences régionales jouent également un rôle. Ce qui est certain, c’est que les personnes souffrant d’allergies doivent se préparer à des saisons polliniques plus longues et parfois plus intenses et prendre des mesures adaptées. «Les médicaments comme les antihistaminiques peuvent aider à soulager les symptômes. Mais il est important de les prendre à temps, c’est-à-dire avant les premières pollinisations», conseille l’experte aha!. Il peut s’avérer utile de suivre régulièrement les prévisions polliniques avec l’application «Pollen-News», afin de s’organiser pendant les jours à forte exposition. Pour de nombreuses personnes souffrant d’allergies, une immunothérapie spécifique aux allergènes (désensibilisation) peut soulager les symptômes à long terme. Cette thérapie, menée sur une période de plusieurs années, peut diminuer significativement la sensibilité aux pollens. «C’est surtout chez les enfants et les adolescents qu’il vaut la peine de commencer tôt un tel traitement afin d’éviter des problèmes de santé à long terme», explique Roxane Guillod. Elle conseille aux personnes concernées d’en parler à leur médecin traitant.

Sources:

• Eeftens M, Tummon F: Pollenallergie – Auswirkungen eines sich wandelnden Klimas. 2024, Swiss Academies Factsheets 19 (1)

• Luschkova D, Traidl-Hoffmann C, Ludwig A: Climate Change and Allergies. Allergo J. 2022, 31(4): 44–53. https://doi.org/10.1007/s40629-022-00212-x

• Pollensaison 2024 – der Rückblick, MétéoSuisse, Office fédéral de météorologie et climatologie

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