Français

Enceinte, avec un poids sous contrôle

Certaines femmes enceintes ont déjà pris six kilos au troisième mois de grossesse, d’autres sont encore filiformes au sixième mois. Le nombre de kilos pris au cours de cette période est très variable d’une femme à l’autre. Mais une prise de poids rapide ou très importante n’est jamais bonne.

«Vous êtes enceinte!» Pour beaucoup de femmes, cette nouvelle ouvre la période la plus excitante de leur vie.

Le fait que les femmes prennent du poids pendant ces 38 semaines est tout à fait normal. Car le placenta et le liquide amniotique se forment, l’utérus et les glandes mammaires se développent et le corps produit plus de sang, retient plus d’eau dans les tissus et stocke davantage de graisses dans les cuisses et les fesses. Et bien sûr le bébé grandit dans le ventre de sa mère. Il pèse 3,5 kilos en moyenne à la naissance. «Quand on cumule le tout, on arrive à une prise de poids d’environ 12 kilos en fin de grossesse», précise la Dre Tina Bernardi, gynécologue. Un bon point de repère, même s’il n’existe pas de norme en la matière.

Une prise de poids cadrée

Le nombre de kilos qu’une femme enceinte peut prendre jusqu’à la naissance de son enfant dépend surtout de son indice de masse corporelle (IMC). Il est déterminant pour calculer la prise de poids idéale. Ainsi, si une femme en surpoids devrait limiter sa prise de poids à sept à neuf kilos, une femme en insuffisance pondérale n’a aucun souci à se faire si elle pèse 18 kilos de plus sur la balance en fin de grossesse. Mais même si les différences de prise de poids peuvent être importantes, «les femmes enceintes ne doivent normalement prendre que peu de poids au cours du premier trimestre et doivent de préférence éviter toute prise de poids rapide et très importante», explique la gynécologue qui exerce en cabinet à Thalwil, au bord du lac de Zurich. Ce n’est qu’à partir de la 12e semaine qu’elles peuvent s’autoriser à prendre entre 300 et 500 grammes par semaine.

La prise de poids optimale pendant la grossesse

Pour calculer votre indice de masse corporelle, divisez votre poids corporel par votre taille au carré. Une femme de 60 kilos pour 1,65 mètre a ainsi un IMC de: 60 : 2,72 (1,65 × 1,65) = 22. De poids normal, elle peut prendre entre 11,5 et 16 kilos.

IMC (indice de masse corporelle)Prise de poids totale / par semaine
18,5 – 24,9: poids normal11,5 à 16 kilos / 400 g à partir de la 12e semaine
< 18,5: insuffisance pondérale12,5 à 18 kilos / 500 g à partir de la 12e semaine
25 – 29,9: surpoids7 à 11,5 kilos / 300 g à partir de la 12e semaine
30 – 34,9: obésité stade I5 à 9 kilos
35 – 39,9: obésité stade II1 à 5 kilos
Source: «L’alimentation de la femme enceinte», Société Suisse de Nutrition (SSN).

Les besoins en énergie sont souvent surestimés

«Beaucoup de futures mères prennent déjà cinq kilos dans les huit premières semaines», nous apprend la Dre Bernardi. Beaucoup mangent pour atténuer les nausées, d’autres parce qu’elles pensent qu’elles ont besoin de beaucoup plus de calories. Mais, dans les trois premiers mois, les besoins en énergie augmentent à peine. Ce n’est qu’à partir du quatrième mois que la femme enceinte a besoin d’environ 250 calories supplémentaires. L’équivalent d’une tranche de pain complet avec un morceau de fromage ou d’une poignée de noix. Si vous pensez que ce sont surtout les femmes en surpoids qui ont tendance à manger plus que nécessaire, vous vous trompez. Silvia Honigmann, diététicienne et directrice du groupe spécialisé «Ernährung in Schwangerschaft und Stillzeit» de l’Association suisse des diététicien-ne-s (ASDD) a souvent observé que même des femmes minces, qui faisaient auparavant très attention à leur poids et à leur comportement alimentaire, lâchent soudain la bride.

Les conséquences d’une prise de poids importante

Quand une femme enceinte prend beaucoup de poids, son enfant a souvent aussi un poids trop élevé: «S’il pèse plus de 4,5 kilos à la naissance, les épaules de l’enfant peuvent rester bloquées lors du passage par les voies naturelles», prévient la gynécologue. En se nourrissant de manière réfléchie et en pratiquant une activité physique régulière pendant la grossesse, les femmes plus corpulentes réduisent en outre leur risque de faire du diabète gestationnel. Si cette forme spéciale de diabète n’est pas dépistée, l’enfant sera non seulement en surpoids à la naissance mais le restera aussi généralement toute sa vie. Et le risque qu’il développe lui-même un diabète ou même un syndrome métabolique à l’âge adulte est beaucoup plus élevé.

«La prise de poids recommandée
chez la femme enceinte dépend surtout
de son indice de masse corporelle.»

Manger deux fois plus sainement

«Mangez deux fois plus sainement et pas deux fois plus!», tel est le bon conseil que donne la professeure à de nombreuses futures mères. «Car si les besoins en énergie n’augmentent pas beaucoup, les besoins en nutriments, eux, augmentent nettement, surtout ceux en fer, en iode, en vitamines du groupe B, en vitamine D et en acide folique.» Mieux vaut donc privilégier les produits aux céréales complètes aux produits raffinés ou à base de farine blanche, ainsi que les aliments riches en nutriments comme les légumineuses, les pommes de terre, les légumines, les fruits et les noix. Ils sont plus riches en vitamines et minéraux, mais aussi en fibres, et facilitent ainsi la digestion.

Bien proportionner ses repas

Une à deux portions de poisson de mer par semaine sont aussi bénéfiques. Les végétariennes peuvent consommer à la place de l’huile de lin, de colza et de noix. Tous ces aliments sont riches en acides gras oméga 3. Silvia Honigmann conseille en outre de répartir intelligemment les apports alimentaires sur cinq à six repas. Autrement dit, de réduire les quantités des trois repas principaux et de prévoir à côté deux ou trois collations. C’est aussi un bon plan contre les nausées. Les femmes qui ont des problèmes avec l’alimentation ou la gestion du poids pendant leur grossesse peuvent demander à leur gynécologue une ordonnance pour un suivi par un(e) diététicien/ne. Il ne peut être que bénéfique pour la mère comme pour l’enfant.

Le retour à un poids normal

Après l’accouchement, beaucoup de femmes conservent quelques kilos de plus qu’avant la grossesse pendant quelques mois. L’allaitement permet d’épuiser 2 à 3 kilos de réserves de graisses. Une alimentation naturelle et équilibrée garantit des apports suffisants en nutriments pour la mère et l’enfant. Elle est également suffisamment rassasiante et permet d’éviter les fringales. Ce type d’alimentation est aussi optimal pour tous ceux qui veulent perdre des kilos superflus.

Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.