La contraception à travers les âges
Été, soleil et nuits torrides… Les femmes peuvent désormais prévenir efficacement une grossesse non désirée mais il n’en a pas toujours été ainsi. Comment se protégeaient-elles autrefois et à quelles méthodes peuvent-elles se fier aujourd’hui?
Aujourd’hui, les femmes disposent d’une multitude de méthodes de contraception. Les préparations hormonales ont créé une véritable révolution: il y a près de 60 ans, le chimiste Carl Djerassi était à l’origine de l’élaboration de la première pilule contraceptive. Avant cela, cependant, la contraception était tout sauf fiable, même si ses premières tentatives remontent à l’Antiquité.
Pendant longtemps, la conception est restée une énigme
Ce que les enfants d’aujourd’hui savent sur la conception dès qu’ils fréquentent l’école était encore un grand point d’interrogation avant 1827. C’est cette année-là que l’embryologiste Karl Ernst von Baer a découvert l’ovule féminin et en a conclu que, pour concevoir une nouvelle vie, il fallait non seulement que l’homme apporte quelque chose, mais la femme aussi. Jusque-là, on pensait que, comme pour les semences de fleurs, toutes les informations nécessaires étaient exclusivement contenues dans les spermatozoïdes de l’homme et que – loin de tout romantisme – le corps de la femme n’en était que le réceptacle. Mais avant cette théorie, d’autres d’ordre plus galactique avaient cours: on croyait par exemple que la lumière du soleil et de la lune était à l’origine de la grossesse.
Sur les traces de la contraception
Savez-vous combien de fois dans sa vie une femme peut tomber enceinte? Quinze fois en moyenne, rien que ça! Autrefois, il n’était donc pas rare que les femmes aient entre huit et dix enfants. Mais toutes ne se réjouissaient pas de cette importante progéniture. Et l’histoire de la contraception a donc aussi ses pages sombres. Car les conseils de charlatans qui faisaient alors autorité n’ont jamais empêché les grossesses non désirées. Heureusement, personne ne doute plus désormais que les suppositoires à l’excrément de crocodile ou un éternuement violent après un rapport sont inefficaces pour prévenir une grossesse. Mais quelles autres méthodes du passé restent d’actualité et quelle est leur fiabilité selon l’état actuel des connaissances?
Les méthodes naturelles
Le coït interrompu fait partie des plus anciennes méthodes de contraception et reste pratiqué par de nombreux couples. L’interruption précoce du rapport avant l’éjaculation fait toutefois partie des méthodes les moins sûres. Les douches vaginales ou la méthode du calendrier (également appelée méthode Knaus-Ogino), connue depuis 1928 et qui consiste à déterminer simplement par le calcul sa période de fertilité, sont tout aussi peu fiables. La mesure de la température corporelle avec un thermomètre féminin spécial, associée à l’évaluation de la consistance et du caractère filant de la glaire cervicale, par contre, est jugée relativement fiable. Toutes celles qui trouvent cela trop compliqué peuvent compter aujourd’hui sur des dispositifs électroniques modernes pour déterminer les jours fertiles de leur cycle. Ces appareils dosent la concentration d’hormone lutéinisante (LH) dans un échantillon d’urine.
Les méthodes mécaniques: préservatif et diaphragme
On ne sait pas exactement depuis quand le préservatif est utilisé à des fins contraceptives, mais il servait déjà à prévenir les maladies sexuellement transmises au XVIe siècle. Les premiers préservatifs étaient en textile tissé, puis en boyau de mouton. 1839 marque l’accès à la vulcanisation du caoutchouc, qui a permis de rendre la capote étanche et plus résistante. Sa fiabilité s’est donc grandement améliorée et a pu être garantie par des labels de qualité. Les préservatifs comptent actuellement parmi les méthodes relativement fiables: sur cent femmes qui utilisent le préservatif pendant un an comme moyen de contraception, deux à douze tombent enceintes; sans contraception, elles seraient 60 à 80!
Le diaphragme, qui a fait son apparition à la fin du XIXe siècle, s’avère aussi relativement sûr. Il s’agit en fait d’un disque de latex ou de silicone qui couvre le col de l’utérus et la paroi supérieure du vagin. Il s’utilise en association avec un spermicide: un gel qui détruit les spermatozoïdes. La taille du diaphragme doit être déterminée par le(la) gynécologue. Aujourd’hui comme il y a plus de cent ans, son introduction avant le rapport et son retrait ensuite nécessitent un certain doigté.
Du cuivre comme alternative aux médicaments de synthèse
Le premier stérilet en cuivre a été mis au point vers 1900. Il a ainsi succédé à d’autres matériaux peu adaptés comme la soie, la nacre, l’or ou l’argent. Que le cuivre du stérilet se présente sous forme de spirale ou de chaîne, une fois placé dans l’utérus par le(la) gynécologue, on sait aujourd’hui qu’il inhibe la mobilité des spermatozoïdes et empêche la nidification de l’œuf dans la muqueuse utérine. Le stérilet en cuivre est jugé aussi fiable que les hormones mais, malgré les progrès de la médecine, il peut encore intensifier les règles et provoquer des crampes chez certaines femmes.
De la pilule à l’implant
La première pilule contraceptive, qui a permis pour la toute première fois d’empêcher l’ovulation, a été autorisée aux États-Unis dans les années 1960. Cette possibilité a enfin offert aux femmes une méthode simple et sûre. Sur cent femmes qui prennent la pilule pendant un an, moins d’une tombera enceinte. Un chiffre qui, aujourd’hui comme autrefois, ne manque pas de convaincre. Depuis, les hormones peuvent être administrées de différentes manières: si prendre un comprimé par jour vous semble trop contraignant, vous pouvez opter pour un patch contraceptif qui se colle sur la peau, ou pour l’anneau vaginal. Votre gynécologue peut aussi vous faire une injection trimestrielle, vous mettre un implant sous la peau ou placer un stérilet hormonal dans votre utérus. Toutes ces méthodes sont réputées fiables. Selon les chiffres disponibles, la pilule reste toutefois la méthode no 1 privilégiée par les femmes.
Être bien conseillée pour mieux choisir
La pilule pour homme se fait toujours attendre; préservatif mis à part, la contraception reste donc surtout une affaire de femmes. Le choix d’une méthode de contraception mérite une réflexion attentive et dépend de la tolérance, de l’âge, du(des) partenaire(s), de la situation familiale et des considérations religieuses. Quel que soit leur âge, les femmes peuvent demander conseil à la pharmacie, chez leur gynécologue ou dans un centre de planning familial. Vu la grande diversité qui s’offre à elles et les risques éventuels, il est plus important que jamais qu’elles se fassent expliquer les avantages et les inconvénients de chaque méthode. Et si personne ne peut prédire ce que l’«avenir de la contraception» nous réserve, le temps des charlatans ignorants est heureusement révolu.
Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.