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Ménopause: transition et nouveau départ

Quoi de moins sexy que le mot «ménopause»? Sans parler de la gêne qu’il crée chez bien des femmes et des hommes d’âge mûr… Ce «tournant de la vie» a des répercussions aussi bien physiques que psychiques.

La ménopause – un mot qui évoque souvent d’emblée bouffées de chaleur, accès de transpiration et moral en berne. La baisse progressive de la production d’œstrogènes et de progestérone par l’organisme féminin peut en effet s’accompagner de quelques désagréments. Ceci étant, de nombreuses femmes vivent aussi leur ménopause sans présenter de symptômes particuliers, comme une période de transition naturelle: le «retour d’âge» a perdu son image horrifique d’autrefois. La médecine et l’endocrinologie ont fait beaucoup de progrès et le climatère n’est désormais plus un sujet tabou. Les femmes s’informent et demandent conseil à leur médecin ou à leur pharmacien. L’offre de produits de soutien et de remèdes phytothérapeutiques éprouvés est très fournie – citons par exemple les préparations à base d’actée à grappes (Cimicifuga) utilisées contre les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil et l’irritabilité, ou à base de sauge, qui régulent principalement la sécrétion de sueur… Les femmes ont donc des solutions à leur disposition.

Remettre un peu d’ordre dans ce chaos émotionnel

La situation se complique quand les émotions de la femme ménopausée jouent aux montagnes russes, qu’elle est toujours à cran ou en proie à une humeur dépressive de plus en plus envahissante. Mais ces perturbations ne sont pas non plus une fatalité: il est important d’en prendre conscience, d’examiner le problème de manière approfondie, puis de le traiter avec des remèdes appropriés comme une association d’actée à grappes et de millepertuis, par exemple. Une chose est sûre: la ménopause ne marque pas le début de la fin, mais une transition vers une nouvelle étape de la vie. Elle ouvre sans doute la porte à de nouvelles façons de penser ou de voir les choses, à une forme de séduction plus mature et à de nouvelles possibilités d’organiser sa vie. Comme à d’autres moments de passage de la vie, la ménopause exige aussi parfois de surmonter ses peurs et ses incertitudes.

Il est de toute façon utile de réfléchir au message que la gynécologue américaine Christiane Northrup transmettait aux femmes il y a 20 ans déjà: «Parfois, ce ne sont pas les hormones qui sont en cause – c’est votre vie qui a besoin d’être soignée.» Le sentiment de découragement et l’humeur dépressive ne sont pas nécessairement la conséquence directe des modifications hormonales. La ménopause coïncide souvent avec une double difficulté: les femmes concernées doivent non seulement s’occuper d’elles-mêmes, mais aussi gérer le départ des enfants arrivés à l’âge adulte. Les voilà alors soudain en tête-à-tête avec leur partenaire. Parfois aussi, c’est le moment où les parents ou les beaux-parents âgés ont besoin d’aide – et c’est le trop-plein! Les femmes célibataires qui traversent la ménopause, quant à elles, ne souffrent souvent pas en premier lieu des bouffées de chaleur ou autres désagréments, mais du harcèlement au travail de femmes plus jeunes, de la peur de perdre quelque chose, etc.

Une femme ménopausée n’est certes plus jeune, mais elle est encore loin d’être vieille. Des questions comme «Où en suis-je et où veux-je aller?» ou «Qu’est-ce qui est important pour moi et de quoi puis-je me passer?» aident à retrouver sa stabilité psychique et à prendre conscience des chances qu’offre la vie.

Et qu’est-ce qui se passe pour ces messieurs avec l’andropause?
Depuis un certain temps, on parle de plus en plus de ce fameux «retour d’âge masculin». Mais la situation n’est pas tout à fait comparable à la ménopause. Il est vrai que tous les hommes connaissent une baisse des concentrations hormonales à partir d’environ 40 ans, mais son évolution varie beaucoup d’un individu à l’autre. Si près d’un tiers des hommes de 70 ans ont un taux d’hormones trop bas, les deux tiers restants présentent encore des taux suffisamment élevés. C’est d’ailleurs ce que constate le Dr méd. Christian Sigg, andrologue à Zurich.
Dr Sigg, la baisse des concentrations d’hormones chez l’homme s’accompagne-t-elle aussi d’expériences de perte?
Dr méd. Christian Sigg*: oui, notamment avec la chute des cheveux et la fonte musculaire. Les os peuvent aussi poser problème: l’ostéoporose n’est pas une affection exclusivement féminine. On observe aussi une tendance accrue au diabète de type II, avec une augmentation de la graisse abdominale, autrement dit la bedaine de l’homme mûr. En France, c’est-ce qu’on appelle une silhouette de «marron sur des allumettes»: l’association de jambes fines et peu musclées sous un gros ventre rond.
Les nombreuses blagues de mecs qui tournent sur les troubles de l’érection cachent-elles une certaine peur?
Naturellement, surtout chez les hommes plus âgés. Il y a là une part d’incertitude et, en même temps, de conscience que certaines fonctions de l’organisme se dérèglent.

Mais les hommes n’ont quand même pas de bouffées de chaleur je présume?
Et si! Les accès de transpiration et les bouffées de chaleur font aussi partie du «retour d’âge masculin», mais ils ne sont pas aussi marqués que chez les femmes, dont le visage peut devenir écarlate lors d’une bouffée de chaleur.
Les variations hormonales peuvent-elles aussi provoquer des sautes d’humeur chez ces messieurs?
Chez l’homme, la baisse du taux de testostérone génère une dysthymie: une humeur dépressive. Il ne se sent plus performant et encaisse beaucoup moins facilement.
Notons toutefois que la grande crise du milieu de vie survient souvent déjà entre 40 et 50 ans chez l’homme, autrement dit à un moment où leurs taux d’hormones sont encore en équilibre. Les problèmes d’humeurs dépressives, en revanche, apparaissent beaucoup plus tardivement: il devient alors geignard, maussade et grincheux et chicane pour la moindre broutille; il perd beaucoup en assurance et en capacité à s’imposer.

Qu’en est-il alors de ces hommes qui atteignent le top de leur forme entre 50 et 70 ans dans les affaires ou en politique?
Les hommes qui acceptent des postes à responsabilité à cet âge ont sûrement toujours eu un taux élevé de testostérone et se sont aussi probablement toujours mis en avant. C’est devenu une seconde nature chez eux.

L’image de l’homme qui cherche à vivre une seconde jeunesse passé un certain âge correspond-elle à la réalité ou est-ce un cliché?
Ce n’est pas un cliché. Son ego émoussé par les années peut tout à fait prendre un nouvel essor s’il trouve une partenaire qui a 30 ans de moins que lui. Certains hommes ont l’impression de rester jeunes avec une femme jeune à leurs côtés. La plupart réalisent toutefois rapidement que c’est un mauvais calcul et qu’une femme plus jeune a aussi des exigences auxquelles ils ne peuvent plus répondre.

Les hommes s’intéressent-ils davantage à la période située entre le milieu de la vie et le grand âge qu’il y a quelques années, et se font-ils aider si des problèmes médicaux se présentent?
La vogue des silhouettes sveltes et musclées a eu pour effet bénéfique d’accorder plus d’importance au sport et aux soins de santé à cette période de la vie. Ce n’est pas grâce à la médecine que les hommes d’aujourd’hui consultent des spécialistes, parlent de leurs problèmes et de leurs symptômes et se font examiner… Ce sont les médias qui, en l’occurrence, ont fait du bon travail ces dix dernières années et ont induit ces changements de comportement.

Un mode de vie plus sain contre les troubles de la ménopause chez la femme

  • Gérer son poids: après les dernières règles, les dépenses énergétiques peuvent diminuer de 20 %. Pour éviter que les capitons graisseux ne gagnent du terrain, il convient dès lors d’ajuster le bilan calorique en mangeant moins ou en bougeant plus.
  • Pratiquer une activité physique régulière: les recommandations générales préconisent trois heures et demie d’activité physique par semaine. Trente minutes par jour peuvent donc déjà faire beaucoup. En sachant que les travaux ménagers ou de jardin d’une certaine intensité entrent aussi en ligne de compte.
  • Consommer alcool, café et plats épicés avec modération: sinon, bonjour les bouffées de chaleur et les accès de sueurs!
  • Réduire sa consommation de tabac: la nicotine est suspectée de perturber encore davantage le taux d’œstrogènes.
  • Éviter le stress: les exercices de détente proposés par le yoga, le qi gong ou la relaxation progressive selon Jacobson sont utiles pour faire baisser l’agitation interne.
  • Avoir une vie sociale satisfaisante: échanger avec des personnes ayant des centres d’intérêt communs permet non seulement de s’informer, mais aussi de voir les choses avec la dose d’humour nécessaire.

*Le Dr méd. Christian Sigg, spécialiste FMH en dermatologie et vénérologie, travaille en tant qu’andrologue à Zurich (www.maennerarzt.ch)

Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.