Comprendre et traiter la migraine

ce que les personnes concernées doivent savoir

Autor: Prof. Dr. med. Christoph Schankin

La migraine est l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes et touche plus d’un million de personnes rien qu’en Suisse. Les femmes en souffrent environ deux fois plus souvent que les hommes. La tranche d’âge des 35 à 39 ans est la plus concernée. Mais que se cache-t-il derrière ces crises de maux de tête terribles, et qu’est-ce qui aide vraiment?

La migraine se caractérise par des maux de tête unilatéraux, pulsatiles ou lancinants, qui s’intensifient avec le mouvement et s’accompagnent souvent d’une sensibilité à la lumière, au bruit ou aux odeurs. De nombreux patients se plaignent en outre de nausées, de vomissements ou de perte d’appétit. Les crises peuvent durer de quelques heures à plusieurs jours. Elles sont souvent précédées de symptômes tels que de la fatigue, des problèmes de concentration ou des sautes d’humeur – ce que l’on appelle la phase prodromique. Vient ensuite la phase de douleur proprement dite, puis une phase de récupération au cours de laquelle des troubles similaires peuvent persister.

Environ 15 à 20 pour cent des patients migraineux connaissent ce que l’on appelle une aura. Il s’agit de symptômes neurologiques transitoires tels que des troubles de la vision, des picotements ou des difficultés d’élocution, généralement 15 à 60 minutes avant le mal de tête. Les plus fréquents sont les troubles visuels tels que des scintillements ou des taches aveugles (angles morts). Dans de rares cas, le mal de tête ne survient pas.

Les causes exactes de la migraine ne sont pas encore totalement élucidées. On soupçonne une interaction entre des facteurs génétiques, des processus neuronaux et des mécanismes inflammatoires. Le neurotransmetteur CGRP joue un rôle central dans ce processus. Les déclencheurs typiques (trigger) des crises chez les personnes présentant une telle prédisposition à la migraine sont le stress, les variations hormonales, le manque de sommeil, les repas irréguliers ou les stimuli sensoriels comme la lumière vive ou certaines odeurs. Cependant, il est également important de savoir que ces déclencheurs ne provoquent pas nécessairement une crise migraineuse à tout moment. Au contraire, le cerveau doit déjà être «prêt» pour que les attaquent se produisent

«Connaître ses propres déclencheurs, peut permettre de prévenir les crises de manière ciblée.»

Aide en cas de crise aiguë

Le traitement aigu de la migraine vise à soulager rapidement la douleur et les symptômes qui les accompagnent. On dispose d’analgésiques classiques (AINS), d’antimigraineux spécifiques comme les Triptans ou les Gépantes ainsi que des antiémétiques contre la nausée. Il est crucial de les prendre le plus tôt possible. Le traitement aigu comprend également des méthodes pratiques non médicamenteuses, comme le repli dans un endroit calme et une sieste éclair, l’application d’huile de menthe poivrée ou le refroidissement du cuir chevelu.

La prévention en vaut la peine

Les personnes qui souffrent fréquemment de migraines peuvent, grâce à une prévention ciblée, réduire la fréquence et la gravité des crises. Il est important d’avoir un rythme de vie régulier, de dormir suffisamment, de manger à heures fixes et de faire de l’exercice. Les sports d’endurance tes que la marche nordique, le vélo ou la natation se sont révélés particulièrement efficaces. Il existe également des médicaments à titre préventif. Ceux-ci peuvent actuellement être répartis en trois groupes:

Les substances naturelles ou les compléments alimentaires comme le magnésium ou la riboflavine constituent un premier groupe. Ils sont en général très bien tolérés.

Un deuxième groupe est constitué de thérapies orales de base traditionnelles, connues depuis de nombreuses années. Ces substances proviennent d’autres domaines thérapeutiques comme l’hypertension, la dépression ou l’épilepsie. Elles agissent donc également sur d’autres maladies et ont par conséquent souvent des effets secondaires.

Le troisième groupe englobe les thérapies dites basées sur le CGRP (anticorps CGRP et Gépante), qui ont été développées spécifiquement pour la migraine.

Prendre le stress psychologique au sérieux

Les personnes souffrant de maux de tête sont deux à trois fois plus susceptibles d’avoir des problèmes psychiques tels que des troubles anxieux ou des dépressions que les personnes n’ayant pas de maux de tête. Inversement, le stress, les conflits non résolus ou les maladies mentales peuvent intensifier les migraines. Les méthodes de relaxation, l’accompagnement psychologique ou la psychothérapie de la douleur aident à mieux gérer le stress. L’objectif est d’améliorer la perception corporelle et de développer des stratégies contre le stress et la douleur. Celui qui se connaît bien et qui prend les déclencheurs au sérieux peut concourir grandement à sa propre stabilisation – avec une meilleure qualité de vie comme objectif.

Il est important que les personnes qui souffrent souvent de migraines ou d’autres maux de tête s’adressent à leur médecin de famille. Celui-ci peut aider à choisir le traitement approprié et décider s’il faut consulter un neurologue. Une thérapie professionnelle et individuelle peut non seulement soulager les maux de tête, mais aussi, dans bien des cas, prévenir durablement la survenue de crises. Faites-vous aider!

Prof. Dr. Méd est directeur du Centre pour migraines et céphalées du Bellevue Medical Group, Hirslanden à Zurich. Il est aussi collaborateur scientifique à l’Hôpital de l’Île à Berne, vice-président de la Société suisse des céphalées (SKG) et membre de sociétés spécialisées nationales et internationales de neurologie.

La Société suisse pour les céphalées SKG

La SKG regroupe des spécialistes, des médecins généralistes ainsi que des scientifiques qui s’intéressent au thème des céphalées. Son objectif est de promouvoir la recherche, le diagnostic et le traitement des maux de tête et de transmettre les dernières connaissances aux médecins, aux patients et aux scientifiques. Un projet de la SKG initié dans le cadre du Swiss Brain Health Plan (SBHP). Cette initiative a pour objectif de sensibiliser les entreprises au phénomène de la migraine et de leur permettre de soutenir les collaborateurs concernés. Cela implique également d’attirer l’attention des personnes non concernées au sein de l’entreprise. Lorsqu’une société répond aux critères SKG, elle reçoit le label e3 pour les entreprises respectueuses des migraineux. Le Swiss Brain Health Plan (SBHP) est une initiative de la Fédération Suisse des Sociétés de Neurologie Clinique (SFCNS), qui vise à promouvoir la santé cérébrale en Suisse tout au long de la vie et à prévenir les maladies neurologiques et psychiatriques.

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