Cette force invisible de l’intérieur
Leur influence sur notre vie est plus importante que ne le pensent certains. Nos pensées, nos émotions et notre intuition font partie intégrante de nous et peuvent changer beaucoup de choses sans même que nous en ayons conscience.
Se lever du pied gauche, passer sous une échelle ou croiser un chat noir portent malheur. Croiser les doigts ou dire tous les jurons de la Terre garantiront la victoire à son équipe de sport préférée ou permettront de décrocher le jackpot au loto. Ce type d’évènements et les conséquences qui y sont associées prennent leur source dans ce qu’on appelle la «pensée magique».Cette pensée magique est plus répandue qu’on ne l’imagine. Tel est le résultat d’une étude de l’Université de Princeton et d’Harvard aux États-Unis sur le thème «Les pouvoirs magiques au quotidien». L’étude part du principe que la pensée magique est présente quand les gens pensent qu’ils peuvent influer sur les évènements à l’aide de leurs pensées. Mais cela fonctionne-t-il vraiment?
Assumer la responsabilité de nos pensées
Selon Martin Schott, auteur d’un ouvrage intitulé «Die geheimnisvolle Macht der Gedanken» (Le pouvoir mystérieux des pensées), les pensées ont le pouvoir de précéder tout ce que l’humain fait. Aucune maison, aucun morceau de musique ni aucune transaction commerciale ne peut voir le jour sans pensées préalables. Aucune escroquerie ou autre crime non plus. Le pouvoir des pensées ne serait mystérieux que parce que la plupart des gens n’ont pas une idée claire de ce que les idées produisent dans la tête.
Nos croyances sont un soutien et une sécurité
En psychologie, le pouvoir des pensées est incontesté. Plusieurs études scientifiques confirment l’action de notre pensée sur notre corps. Günter Haffelder, physicien et psychologue à l’Institut de communication et de recherche sur le cerveau de Stuttgart, par exemple, a réalisé une expérience à l’aide de la tomographie par émission de positons. L’expérience se déroulait comme ceci: un élève était invité à s’installer dans l’appareil. Puis, on donnait des informations différentes à deux enseignants qui ne connaissaient pas l’élève. On disait à l’un qu’il s’agissait d’un élève peu doué, qui ne parviendrait certainement pas à accomplir la tâche demandée. Mais on disait à l’autre le contraire: à savoir qu’il s’agissait d’un élève très intelligent. L’étude a fourni un résultat étonnant – ou peut-être pas… Quand l’enseignant avec un apriori négatif entrait dans la pièce, un blocage se produisait dans la tête de l’enfant, qui était alors effectivement incapable d’accomplir la tâche demandée.
Prendre en compte l’intuition
L’intuition est étroitement associée au monde des pensées. De plus en plus de gens se fient à leur instinct et se laissent guider par l’intuition pour prendre des décisions importantes. Thomas Brandenberger, psychologue, coach en management et coauteur, avec Peter Müri, du livre «In die Intuition eintauchen» (Plongée dans l’intuition), pense que nous sommes de nouveau davantage prêts à tenir compte de notre intuition. Cependant, «comme notre société n’admet généralement l’intuition comme aide à la décision que dans la sphère privée, elle ne figure pas au programme de l’enseignement public. L’éducation, le monde professionnel, la société et, surtout, certaines sciences jugent les décisions intuitives suspectes et poussent à les éviter. Pas étonnant donc que notre intuitivité soit aujourd’hui souvent très peu développée.» Mais on lui porte malgré tout un certain intérêt, même si c’est officieusement, comme le montre l’enquête de Jagdish Parikh, auteur, spécialiste en gestion personnelle et cofondateur de la World Business Academy (États-Unis). En effet, 80 % des 1312 cadres dirigeants interrogés dans neuf pays ont déclaré faire appel à leur intuition et penser que cela contribue au succès de l’entreprise. Plus de 70 % se sont également dits convaincus que l’intuition est importante en matière de recherche et développement. La prise en compte de l’intuition n’a pourtant rien de nouveau: dans la pensée occidentale, elle était autrefois considérée comme le meilleur moyen d’appréhender le quotidien.
Rien à voir avec la logique
Mais qu’est-ce que l’intuition au juste? Et comment fonctionne-t-elle? En latin, l’intuition (intuitio, intuere) signifie «voir précisément». Parmi les aspects essentiels de l’intuition figure notamment la capacité à prendre d’emblée une bonne décision, sans en comprendre explicitement tous les tenants et aboutissants. Elle recouvre aussi la capacité d’appréhender le caractère et les émotions d’une personne en une fraction de seconde. L’intuition est donc considérée comme la capacité à traiter les informations et à réagir de manière appropriée malgré la complexité des données à traiter. «La raison pure ne gagnera jamais», affirme Gerald Traufetter dans son livre «Intuition, die Weisheit der Gefühle» (L’intuition, la sagesse des émotions). Une grande partie de la vie psychique de l’être humain se joue selon lui dans l’inconscient et repose sur des processus qui n’ont rien à voir avec la logique. C’est pourquoi l’on parle aussi souvent de l’intuition comme de l’intelligence inconsciente. Comme l’explique Thomas Brandenberger, nous n’avons jamais vraiment pleinement conscience des raisons exactes et plus profondes qui nous motivent. «L’instinct se base sur un nombre étonnamment limité d’informations. À l’inverse, le recueil d’informations nécessaire à une décision rationnelle est souvent un processus très chronophage.»
Quel est le rôle des neurones miroirs?
Pour l’auteur britannique et biologiste Rupert Sheldrake, la capacité à percevoir ses pressentiments, fait partie de la vie – tout comme des capacités jugées inexplicables telles que la télépathie ou la clairvoyance. «Ces capacités importantes de l’être humain ont longtemps été rendues taboues par la science et reléguées dans la parapsychologie», explique Theodor Itten, psychothérapeute et scientifique de Saint-Gall. En psychothérapie, Theodor Itten travaille sciemment avec sa propre intuition: «Pendant la consultation, je sens par exemple certaines questions spécifiques monter en moi. Un grand nombre de psychologues ont fait cette expérience, comme mon enquête l’a démontré», rapporte-t-il. Outre la psychologie, les neurosciences se sont aussi intéressées à l’intuition, que l’on peut désormais observer grâce aux nouvelles techniques d’imagerie cérébrale. Deux chercheurs de l’Université de Parme ont ainsi découvert ce qu’on appelle les «neurones miroirs», des cellules nerveuses qui, d’après leur hypothèse, réagissent au mouvement et au contact psychique avec un autre être humain.
Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.