Tout un art
Le thé est produit avec les feuilles de Camellia sinensis. Mais entre l’arbre et la tasse, elles subissent de nombreuses et complexes étapes de transformation. Minutie, respect et savoir-faire sont essentiels à l’obtention d’un thé de haute qualité.
Alors que les tisanes aux fruits et aux herbes sont produites à partir d’autres plantes et ne sont donc pas des «thés», les feuilles du théier fascinent par leur palette infinie d’arômes. De nouvelles découvertes attendent les amateurs attentifs,
gorgée après gorgée.
Les secrets d’une qualité supérieure
«Le thé est un produit naturel. Le théier ne peut donner un bon thé que s’il se sent bien dans son environnement», telle est la conviction de Kaspar Lange, co-directeur de Länggass-Tee à Berne. D’innombrables facteurs entrent alors en ligne de compte: le théier grandit-t-il dans un environnement naturel et jouissant d’une grande biodiversité? Comment le terroir et le climat se répercutent-ils sur sa croissance et quel est l’âge des théiers? Tous ces facteurs et bien d’autres détermineront les substances secondaires produites par l’arbuste. Ce sont elles que nous percevons par l’odorat, le goût et le toucher. Par exemple, si un théier est attaqué par un certain type de cigales, il produira des substances pour se défendre qui donneront une intense saveur sucrée aux feuilles infusées.
«Le traitement des feuilles de thé est un art qui a été perfectionné de génération en génération», rapporte Kaspar Lange. Les substances contenues dans les feuilles sont la base de tout. Traitées de manière inappropriée, elles peuvent être ruinées en quelques secondes, ou complètement sublimées. Le choix du produit à cueillir est déjà déterminant. Les bourgeons du printemps donneront ainsi des thés tout à fait différents des grandes feuilles de la cueillette d’automne. La transformation du fruit de la cueillette en thé prêt à consommer décide également de la qualité. Les thés produits manuellement en toutes petites quantités offriront une expérience de dégustation très différente de la production traitée mécaniquement des énormes plantations.
Une attention récompensée
«Un thé qu’on laisse bêtement infuser est un peu comme le résumé d’un livre sur la quatrième de couverture. Le Gong Fu Cha, en revanche, permet d’appréhender toute l’histoire d’un thé», explique Kaspar Lange. L’idée qui sous-tend l’art chinois du thé (Gong Fu Cha = préparation du thé avec attention et savoir-faire) est de permettre d’en percevoir toutes les nuances, ainsi que ses changements d’une infusion à l’autre. On rince en effet brièvement les feuilles de thé avec une petite quantité d’eau, puis on les fait infuser plusieurs fois.
Un bon thé à feuilles entières permet de découvrir tout un univers sensoriel. Son odeur à elle seule peut être fascinante et envoûtante. Et son goût dépasser toutes les limites connues. Chaque thé est différent et peut offrir une infinité d’arômes connus ou complètement nouveaux. On porte souvent moins d’attention à sa sensation en bouche pourtant si importante. Un bon thé est généralement très agréable et épais en bouche, et laisse une saveur suave persistante.
Tous les thés sont riches en antioxydants,
qui protègent les cellules et le matériel
génétique des dégâts des radicaux libres.
Bienfaits du thé
«Outre sa capacité à donner d’incroyables impressions sensorielles, le thé a aussi bien d’autres effets sur le corps humain», souligne Kaspar Lange. Tous les thés sont riches en antioxydants, des molécules qui nous protègent des radicaux libres capables d’endommager les cellules et le matériel génétique. Ils épargnent ainsi le système immunitaire et améliorent globalement notre état de santé.
Comme le café, le thé contient aussi de la caféine qui nous tient alertes et éveillés. Dans le thé, elle est toutefois liée à d’autres substances. Son action est dès lors retardée par rapport à celle du café et dure plus longtemps. La caféine est libérée très rapidement, surtout dans la première infusion. L’action du thé dépendra donc aussi de sa préparation. Outre de la caféine, le thé contient des substances calmantes comme la L-théanine, dont la quantité et les proportions diffèrent selon les thés.
Prendre du temps pour une tasse de thé, c’est aussi se faire du bien. Le thé hydrate le corps et sa dégustation est propice au repos. Si vous y prêtez toute votre attention et êtes à l’écoute des différentes perceptions sensorielles qu’il éveille, vous en serez grandement récompensé(e). Non seulement par les nuances subtiles que vous pourrez découvrir à chaque gorgée, mais aussi parce que la perception des stimuli extérieurs réduit efficacement le stress.
Les catégories de thé
Les six grandes catégories de thé se distinguent principalement par leur procédé de transformation. Il existe d’innombrables types de traitement pour chaque catégorie, qui peuvent être très différents les uns des autres.
- Le thé blanc est peu transformé: il est simplement mis à flétrir et séché après la cueillette. Il a généralement un goût subtil mais aromatique.
- Le thé vert est chauffé directement après la cueillette pour inactiver les enzymes contenues dans les feuilles et stopper l’oxydation. Il conserve ainsi une fraîcheur unique.
- Par rapport au thé vert, le thé jaune est passé à la vapeur pour «faire le jaune», ce qui induit une sorte de fermentation spontanée. Les thés jaunes ont un arôme légèrement fumé mais très sucré.
- La transformation d’un thé oolong (ce qui signifie «dragon noir») peut comporter jusqu’à 10 étapes. Les thés de cette catégorie sont donc très divers. Beaucoup sont soit fleuris et sucrés, soit aromatiques et épicés.
- Contrairement au thé vert, le thé noir est complètement oxydé. D’où des notes souvent intenses, sucrées et fruitées.
- Les thés post-fermentés sont fermentés soit artificiellement après leur transformation (Shu Cha), soit naturellement pendant le stockage (Sheng Cha). Les premiers sont pleins et terreux tandis que les deuxièmes associent des notes âpres et sucrées.
Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.